rois écarlates

« Elle n’était pas aveugle. Elle ne manquait ni d’intelligence, ni d’intuition ; au contraire, elle avait saisi l’essence du monde et de son fonctionnement avec une finesse aiguë, féroce. Mais c’était un monde obscur, habité par le mal et la souffrance. Elle savait qu’il existait un autre monde, plus éclatant – dans lequel des êtres avaient le chance de pouvoir consacrer leurs forces à créer quelque chose dont la beauté les dépassait – mais ce monde-là ne lui était pas plus familier que les pays lointains et les mers étincelantes de n’importe quel atlas. Elle n’irait jamais, et elle n’y était jamais allée ; ou plutôt, elle y était allée, mais dans un passé si lointain qu’il était comme un paysage perdu, un souvenir flou, et inaccessible en dépit de tous ses efforts pour y retourner. » – Tim Willocks, Les rois écarlates (Bloodstained Kings), 1995

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