Archive pour la catégorie ‘Perspectives et cul-de-sac’

La vie marchandise - sortie le 6 février 2013

Lundi 11 février 2013

Du berceau à la retraite, le marketing veille sur vous.

La vie marchandise Ledun Floris

Editions La Tengo - 6 février 2013.
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De Paris à New York, de Tokyo à Sydney : partout les mêmes marques, les mêmes modes, les mêmes fast-foods ou les mêmes hypermarchés. Toujours plus de produits, avec une durée de vie toujours moindre. Luxe, hard-discount, low-cost, tout le monde doit pouvoir participer à la grande braderie. Et se croire toujours gagnant ! Le client est roi, non ?

Depuis une cinquantaine d’années, le marketing, bras armé des firmes multinationales, s’est constitué en véritable machine à fabriquer des consommateurs en série. Il a organisé l’invasion de nos vies par les marchandises. Individualisation, uniformisation, insatisfaction, gaspillage, dépolitisation et destruction écologique sont les conséquences de ce tout-marketing.

Dans ce livre manifeste contre la tyrannie du marketing, Bernard Floris et Marin Ledun déconstruisent les techniques d’une industrie planétaire qui exploite nos pulsions et manipule nos désirs depuis notre plus jeune âge. Ils racontent ici l’histoire et les coulisses de cette fabrique qui nous conduit, malgré nous et avec notre consentement, à adopter la culture de la consommation et le mode de vie « marchandisé ». Mais sommes-nous réellement des marchandises ?

Bernard Floris est maître de conférences à l’université Stendhal Grenoble 3. Marin Ledun est romancier.

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Trions, mes frères !

Jeudi 16 juin 2011

La perfection d’un outil de pouvoir ne se mesure pas tant à son raffinement technique qu’à sa parfaite adaptation économique. (Olivier Razac, Histoire politique du barbelé, 2000)

tri

Marc ne mange plus de viande, ne consomme plus que sa propre production de légumes et a perdu douze kilos en neuf mois, vraisemblablement à cause d’une allergie aux agents irritants contenus dans les peintures biologiques qui recouvrent ses murs. Sa barbe hirsute, son épouvantable maigreur et la pâleur de sa peau lui donnent l’apparence d’un sidaïque en phase terminale. L’une de ses voisines, une sexagénaire dont le mari est mort d’un cancer de la prostate l’année précédente, le regarde avec compassion à chaque fois qu’elle le croise dans la cage d’escalier. Une lueur libidinale perverse dans le fond de l’œil, elle tente par douze fois de l’inviter à boire le thé. Il trouve l’énergie de refuser mais craint de perdre patience. Pour éviter de croiser la fâcheuse, Marc s’enferme chez lui. Il passe les trois jours suivants à démonter pièce par pièce : son téléviseur, son micro-onde, sa machine à laver, sa chaîne hifi, son téléphone portable. Et sept supplémentaires à accoucher d’une théorie radicalement nouvelle sur les mutations anthropologiques inhérentes à l’introduction de l’écologie dans la sphère domestique. Ses cheveux tombent par poignées et il perd six dents. Il y voit le signe de la désagrégation de l’homo œconomicus et de l’avènement d’un homme nouveau. Il convient de préciser ici que Marc est d’un naturel optimiste.

Ô mon bordel natal

Jeudi 16 juin 2011

O mon bordel natal

« Oui, alors puisque le Far-West c’est fini, il faut m’y prendre autrement, il faut que ça paie. Le bordel industriel avancé regorge. Il faut vous décider à m’en donner un peu, parce que si vous continuez à nous en promettre sans nous en donner, à susciter toute cette abondance de misérables désirs, il vous viendra de plus en plus de pauvres, ô mon bordel natal, et des moins arrangeants que moi. Voilà pourquoi vous crèverez tous. » (Jean-Patrick Manchette, L’Affaire N’Gustro, 1971)